Crédit photo : Janice Mersiovsky
Tout d’abord comment vas-tu ?
Très bien malgré la crise du Covid-19. C’est triste de ne pas pouvoir catcher en ce moment mais c’est nécessaire pour le bien-être de tous.
Tu es donc LuFisto, une des plus grandes catcheuses des dernières décennies, tu catch depuis plus de 20 ans maintenant et tu as traversé le monde pour catcher, peux-tu nous parler de toi et de comment tu es arrivée dans le monde du catch ?
Mes premiers souvenirs remontent à plusieurs années alors que je regardais le catch à la télévision avec ma grand-mère. Cependant, c’est vers l’âge de 14 ans que je suis vraiment restée accrochée, en voyant la rivalité entre Undertaker et Yokozuna. De là, j’ai découvert Alaundra Blayze et Bull Nakano et donc par le même fait, le catch japonais…. C’est à ce moment que j’ai voulu devenir catcheuse.
Te rappelles-tu de tes premiers matchs ?
Oh oui. Avant même de sortir des rideaux pour mon premier combat, un catcheur local m’avait lancé de l’eau en me disant que j’allais abandonner vite dans le métier. On riait de moi à l’époque car je prenais vraiment ma carrière au sérieux et ce, à un jeune âge. Mon adversaire a changé le combat qui était prévu alors que nous étions en action devant le public. J’ai dû apprendre à improviser très rapidement.
Mon professeur de lutte était bien fier de mes efforts mais de mon côté, je me souviens d’avoir pleuré suivant le combat car je ne comprenais pas pourquoi on s’acharnait sur moi et qu’on voulait m’humilier alors que je voulais tellement réussir.
Tu as affronté des dizaines et des dizaines de catcheuses depuis plus de 20ans, mais y a-t-il des catcheuses que tu n’as jamais affrontées et avec qui tu aimerais travailler au moins une fois ?
Plutôt des centaines de catcheurs et catcheuses ! J’aimerais beaucoup faire face à Sumie Sakai de la Ring of Honor. Il y a Kellyann aussi sur le circuit indépendant. Chez les hommes, mon choix s’arrête sur David Starr. Combat de rêve absolu ? Face à Chris Jericho !
Ça fait presque 15 que tu n’es plus allé au Japon, est ce que tu aimerais y retourner une nouvelle fois ? Si oui qui aimerais-tu affronter là-bas ?
Oui, j’aimerais bien y retourner. Cependant, je n’ai pas d’adversaire de rêve en particulier. Je serais seulement très heureuse de renouer avec mes fans japonais et de revoir le pays. Je voudrais prendre le temps de visiter plus.
As-tu des regrets concernant ta carrière ? Des choses que tu aurais aimé accomplir mais que tu n’as pas pu accomplir ou des choses que tu considères comme des échecs ?
Le fait de ne toujours pas avoir signé de contrat avec une promotion majeure sera toujours pour mon un échec.
Quelle est pour toi la raison de ta non-signature dans une fédération majeure ? Les blessures ? L'âge (bien que certaines compagnies semblent plus enclin à engager des talents plus âgés/expérimentés)?
Je sais de sources sures qu’en ce qui concerne la WWE, une personne fait des pieds et des mains afin que je ne sois pas engagée. On a essayé à quelques reprises d’amener mon nom dans les conversations mais cette personne me bloque toujours.
Pour les autres promotions, j’ai eu plusieurs discussions récemment. C’était très positif pour l’une d’entre elle mais avec la crise du Covid-19, tout a été mis sur la glace pour le moment. Je me croise les doigts afin que cette opportunité soit toujours là suivant la crise.
Quels sont les matchs ou les accomplissements dont tu es le plus fière ?
Je suis fière de m’être battue pour les droits des femmes, que ce soit face aux lutteurs qui ne prenaient les femmes catcheuses pas au sérieux, les promoteurs qui ne nous laissaient pas de place sur leurs galas et même le gouvernement Canadien qui empêchait les femmes de catcher face à des hommes dans la Province de l’Ontario.
Je suis fière d’être une femme qui a souvent été la première à réaliser plusieurs choses… Championne principale d’une promotion masculine, seule femme à avoir monté dans la « CZW Cage of Death », seule femme à être une « King of the Death Matches »…
Pour ce qui est des combats, je suis tout principalement fière de mes combats récents face à Leyla Hirsch en Allemagne et Josh Alexander au Canada.
Tu as déjà annoncé et parlé de tes problèmes de genou, qui sont la principale cause de ton futur départ des rings, mais quel serais pour toi le « retirement match » parfait ? Qui aimerais-tu affronter pour ton dernier match ?
Dû à mon travail acharné, une grande perte de poids et un suivi régulier avec mon médecin, j’ai annulé le projet de retraite en octobre dernier car mon genou est rétabli. Je suis d’ailleurs dans la meilleure forme physique de ma carrière et mes derniers combats ont prouvés que je suis toujours d’attaque.
Cependant, lorsqu’il sera temps de vraiment accrocher mes bottes de catchs, je voudrais faire face à Tyson Dux, un lutteur canadien d’un talent indescriptible et qui dès mes débuts, m’a toujours traitée comme une égale.
Aimerais-tu continuer à travailler dans le catch une fois ta carrière finie ? Par exemple travailler en tant que coach ou entraîneuse pour les futures générations ?
Je donne déjà quelques séminaires et j’aime bien. J’adore surtout le rôle d’agente, celle qui aide les lutteurs à bien planifier leurs combats, à bien raconter une histoire à travers l’action.
Quels sont les meilleurs conseils que tu as pu recevoir dans ta carrière ?
Pour savoir où tu te diriges, tu dois savoir d’où tu viens. Connaître l’histoire de la lutte devrait être une obligation.
Au fil des années tu as pu voir le catch féminin grandement évoluer, peux-tu nous parler de la façon dont cela a évolué toi qui a pu voir cette évolution pendant 2 décennies ?
À mes débuts, les combats de femmes n’étaient que des attractions. On ne nous prenait pas au sérieux. L’entraînement des femmes étaient aussi très négligé. La lutte « inter-gendre » était mal vu.
Aujourd’hui, les femmes font parties des galas à part égal. Elles font même parties des combats principaux. Elles ont même des galas et promotions totalement féminins. Les femmes luttent souvent face à des hommes sans problèmes et le fait qu’elles gagnent des titres masculins n’est plus tabou.
Le jour et la nuit quoi !
Es-tu fière de faire partie de la grande révolution féminine qu’on a pu voir dans le milieu depuis plusieurs décennies ?
Oui. Je souhaite seulement que les gens réalisent que cette révolution ne vient pas des grosses promotions mais bien du travail acharné des femmes sur le circuit indépendant pendant plusieurs années.
C’était la dernière question, as-tu quelque chose à ajouter ?
J’ai beaucoup de fans Français depuis des années et je les remercie chaleureusement de leur support et amour. J’espère vraiment pouvoir catcher dans votre beau pays dès que possible.
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